Τύπος Πειραιώς - Ενημέρωση

Penser au-delà d’une visite présidentielle au Pr Raoult

Χωρίς κατηγορία στις 14/04/2020

Faire descendre la science dans l’arène démocratique devient un enjeu déterminant

Patrick Le Hyaric* |> La visite présidentielle au professeur Raoult, directeur de l’institut hospitalo-universitaire Méditerranéen de Marseille, et promoteur du traitement du Covid19 par hydroxy chloroquine et azithromycine, au moment même où le pouvoir exécutif connait une défiance populaire majoritaire dans sa gestion du combat contre l’épidémie, a suscité nombre de commentaires politiques et soulève des interrogations.

Disons d’abord que l’empressement à trouver des réponses à cette douloureuse crise sanitaire est tout à fait justifiée et la consultation des médecins et scientifiques avant de prendre des décisions est logique. Encore qu’une nouvelle fois le présidentialisme soit à l’œuvre. Mais passons ! Dans une telle situation, il conviendrait de ne pas chercher à utiliser la science à des fins politiques. Le Conseil scientifique n’a-t-il été mis en place que pour fournir des éléments de langage à la communication du gouvernement ? Et ce dernier de disposer comme il l’entend des préconisations de ce mystérieux collège ? Les atermoiements et volte-face de ces dernières semaines le laissent à penser. Quant à cette visite du président au professeur Raoult, démissionnaire dudit comité, elle semble davantage répondre à une stratégie politique visant à maintenir la fiction de « l’union nationale décrétée” qu’à un nécessaire éclairage sur les vertus ou défauts des traitements à base de chloroquine.

Trouver l’équilibre entre l’exigence de la recherche, ses protocoles établis et les essais cliniques est aussi une nécessité démocratique. On le voit dans le monde entier : les chefs d’état, Trump ou Bolsonaro en première ligne, utilisent la recherche à des fins démagogiques, surfant sur des essais cliniques non éprouvés afin de laisser croire, d’une part, qu’ils détiennent la solution pour éradiquer le virus dans le but de masquer l’état désastreux de leur système de santé ou leurs mauvais choix, et pour soutenir, d’autre part, leurs laboratoires et leur industrie pharmaceutique.

Ainsi les théories du complot fleurissent-elles sur le terreau de cette confiscation du savoir, qui est encore confiscation du pouvoir. Les sociétés, au niveau de formation élevé, trouvent aujourd’hui face à elles soient une communication gouvernementale tâtonnante, relayée par des médias complaisants et commandée par des intérêts politiques ou économiques de court terme, soit des réseaux sociaux, certes utiles, mais largement insuffisants pour éclairer les citoyens. Ils méritent une toute autre considération.

Professeur Raoult.

Faire descendre la science dans l’arène démocratique devient un enjeu déterminant. Il serait nécessaire qu’une instance de débats et de partages pédagogiques soit mise en place sur les enjeux de santé publique. Celle-ci ne peut être considérée comme une marchandise à essorer pour en tirer le jus d’or de faramineux profits sur la vie humaine. Il y a ici un grand défi pour une appropriation sociale et démocratique de ces enjeux, dont la construction d’un pôle public du médicament serait une première pierre. Pourquoi d’ailleurs ne pas allier plusieurs pays européen, leurs équipes de chercheurs et les laboratoires, pour prendre cette direction ? Cette douloureuse expérience porte en avant les nécessités des coopérations en lieu et place de la forcenée concurrence qui fait tant de dégâts.

Les laboratoires pharmaceutiques sont aujourd’hui des éléments clefs de la « financiarisation » de l’économie. Ils ont réalisé en 20 ans, et à travers le monde, 1000 milliards d’euros de profit dont la quasi-totalité a été reversée à des actionnaires ! A l’opacité s’ajoute l’indécence, quand la recherche publique, et notamment la recherche fondamentale, subit le limage permanent de ses moyens. Pour réaliser leurs profits, les laboratoires du « Big-Pharma » n’hésitent pas à se vendre et acheter à prix d’or les données médicales des citoyens, après s’être accaparés, à coup de milliards, des brevets.

En matière de « souveraineté » promise par M. Macron,  il y a là un cas d’école dont il faudrait urgemment se saisir. Cette privatisation et cette concentration entre quelques mains par la finance bloque l’essor d’une coopération internationale indispensable. Non seulement par devoir moral mais aussi par souci d’efficacité, tant il est vrai que les pandémies, qui par définition se jouent des frontières, risquent de se répéter en lien avec un autre enjeu qui lui aussi appelle coopération et mise en commun des avoirs et des savoirs : le défi climatique. L’intérêt général oblige à voir  bien plus loin qu’’une visite présidentielle à Marseille.

(*) Patrick Le Hyaric. Président et directeur du groupe “L’Humanité”. Il siège au Parlement européen 2009 – 2019)

Απάντηση

Αρέσει σε %d bloggers: